Shiourim transmis en 2005 au Centre-Alef. Non disponible sur Internet.
À l'époque des Guéonim, pour trouver la Halakha, on passait obligatoirement par la Gmara, il n'y avait pas encore de Shoul'han Aroukh ou quoi que ce soit.
Le premier grand législateur est le Rambam. Avant lui il y avait aussi eu le Rif qui a repris la Gmara mais sans reprendre les Hava Haminot (suppositions), l'a clarifiée et l'a écrite selon la Halakha , mais il y avait encore des questions-réponses, ce n'était pas un code de loi à proprement parler.
Le code de loi du Rambam est le Mishné Torah, aussi appelé le Yad Ha'hazaka.
BIOGRAPHIE
Le Rambam est né le 14 Nissan probablement de l'année 1135 / 4895 (certains avancent ou retardent un petit peu) à Cordoue en Espagne et est décédé le 20 Tévet 1204 juste avant ses soixante-dix ans en Egypte.
Il était en Espagne dans sa jeunesse jusqu'à sa Bar-Mitsva plus ou moins.
En 1148 les islamistes font un ultimatum aux habitants : soit ils se convertissent à l'islam, soit ils quittent le pays.
Le père du Rambam, le Dayane Rabbi Maïmone, ses enfants et sa famille sont tous partis de Cordoue. Ils ont commencé par tourner un peu dans l'Espagne puis ils sont partis au Maroc, à Fès.
Mais ça n'allait pas non plus et ils ont donc décidés d'aller en Israël.
Ça s'est passé le 4 Iyar 1165 (le Rambam avait 30 ans).
Six jours après, le 10 Iyar il y a eu une grande tempête, la situation était critique et ils étaient presque sûrs que c'était la fin.
À ce moment le Rambam a pris comme voeu sur lui et sur toute sa descendance, que s'il survit à la tempête, alors le 4 et 10 Iyar de chaque année sera consacrée à la Torah : Limoud, Mitsvot etc.
(On voit encore des descendants de nos jours, ce sont des Mimoun, ou des Maïmone par exemple.)
Après ça la mer s'est calmée, le voyage a continué pendant un mois, ils sont arrivés le 3 Sivan 1165 en Israël à Akko.
Ils y sont restés cinq ou six mois et ensuite sont passés à Jérusalem.
Mais il y avait des problèmes là-bas à cause des croisés, et sont alors partis à Alexandrie en Égypte et plus tard ils ont déménagé au Caire.
Là-bas, Rabbi Maïmone est mort. Le Rambam et son frère Rabbi David, y ont vécu avec leurs familles.
Il voulait consacrer sa vie à la Torah.
[ Il y a une Ma'hloket Rishonim si l'on peut vivre de la Torah, c'est-à-dire ne pas travailler et vivre de la Tsedaka.
Il y a différentes permissions : par exemple se faire payer seulement pour le temps qu'on a consacré au Limoud, ainsi pas on ne gagne pas directement de l'argent par la Torah.
De nos jours beaucoup de Rabbanim disent qu'en vertu de ete laasot lashem hefrou toratekha עת לעשות לה' הפרו תורתך, les 'Hakhamim peuvent annuler une loi de la Torah en vertu d'une autre loi.
Ça a surtout été dit pour les Kollelim de l'après-guerre où le peuple juif avait essuyé beaucoup de mort, perdu beaucoup de Talmidei 'Hakhamim, il fallait donc tout faire pour sauvegarder l'ensemble de la Torah. ]
En tout cas le Rambam était contre le Kollel, il a donc fait autre chose pour pouvoir étudier : Issakhar et Zvouloun.
Issakhar s'est rendu compte que pour pouvoir bien étudier la Torah il fallait s'y mettre à fond et à plein temps.
Zvouloun a donc décidé de financer son frère pour qu'il puisse étudier la Torah tranquillement. (Zvouloun accomplissait quand même bien sûr l'obligation d'étudier un minimum le matin et le soir.)
Ils faisaient donc un contrat tel que Issakhar donnait la moitié de son Limoud à Zvouloun et il lui rendait la moitié de son salaire.
Maïmonide a ainsi fait ça avec son frère, Rabbi David, qui avait un business de pierres précieuses en bateau.
Mais peu de temps après, celui-ci meurt dans un accident de bateau et tout son argent disparaît.
Le Rambam s'est donc retrouvé sans argent ni possibilité d'étudier, et il devait à présent nourrir deux familles.
■ Il avait déjà commencé à diffuser quelques écrits sur la philosophie et la religion, entres autres pour éviter que les juifs à ne se convertissent à l'islam.
Il avait alors été dénoncé et été convoqué en jugement chez le Sultan.
Bien qu'il soit reparti sans condamnation, il a eu très peur, a dû se battre et a fini par tomber malade à cause de l'angoisse.
Il a été alité pendant un an et est tombé dans une pauvreté terrible.
Finalement sa Parnassa s'est arrangé en devenant le médecin du vizir puis celui du grand sultan Saladin (et non pas Soliman) le Magnifique.
Alors, le Rambam se plaignait qu'il avait moins de temps pour étudier, étant toute la journée pris par les patients de la famille royale.
En Egypte les juifs suivaient beaucoup les Caraïtes (ceux qui ne tiennent pas compte de la Torah orale), et c'est le Rambam qui a permis de mettre de l'ordre et qui a sauvé le judaïsme égyptien.
Au Yémen aussi il y a eu un problème de faux-messie, et le Rambam les a beaucoup aidés.
Pour montrer leurs reconnaissances, ils ont institué de rajouter dans le Kadish bé'hayekhon ouvyomekhon ov'hayé marana Moshé ben Maïmone.
On dit que chaque évènement a une allusion (un Remez) dans la Torah.
Dans la Parshat Bo (Shemot §11, 9) c'est écrit (Lémaan) Révot Moftaï Beerets Mitsrayim - D.ieu fera de grands miracles en Egypte.
Et les quatre premières lettres de ces mots forment le mot Rambam.
Le Gaon de Vilna disait que chacun a un Remez dans la Torah.
Une fois son élève lui a demandé quel était le verset où son Rav est mentionné.
Il lui a répondu qu'il est écrit Even Shlema - 'une pierre entière', l'interdit de falsifier les poids lors du commerce etc.
Et Even s'écrit Alef -> pour Eliaou (le prénom du Gaon de Vilna), Ben -> le fils, Shlema -> Shlomo.
Aussi le Rambam est né en 4895 dans le calendrier hébraïque.
Et le 4895ème verset de la Torah est dans le Sefer Dévarim au tout début (I, 5).
Et le verset dit que Moshé a expliqué clairement la Torah.
Une dernière histoire à propos de la grande polémique qu'il y a eu contre le Rambam (voir en fin de Shiour).
Quelqu'un a un jour voulu vérifier et est parti jusqu'en Egypte.
Un peu avant d'arriver il a fait une pause au pied d'un arbre, a lu un livre et s'est endormi puis a mangé avant de se rendre chez le Rambam.
Le Rambam l'invite et lui propose à manger. Il appelle son serviteur Patros et lui demande de préparer un petit animal et son serviteur le tue avec une massue (sans sh'hita !) et lui sert à manger. Et le Rambam en mange tranquillement.
L'homme refuse de manger, et le Rambam lui propose alors de boire du vin. Seulement Patros (son serviteur) a un nom goy, et il s'imagine qu'il y a un problème de yayin nesekh !
Le Rambam voyant que son invité n'a rien goûter, il demande à son serviteur de lui amener à manger. Et celui-ci amène des doigts humains !
L'homme décide alors de partir, il en a assez vu.
Mais le Rambam lui dit alors : avant d'aller voir tes amis, n'oublie pas de récupérer ton livre que tu avais lu et oublié auprès de l'arbre qui se trouve à tel endroit.
Et il continue : ce ne sont pas des doigts, mais de la nourriture purement végétale.
Aussi Patros a un nom goy, mais il est juif.
Enfin la viande était un Ben Pakouah qui ne nécessite pas de sh'hita (c'est le veau qui né après la sh'hita de la mère).
SES ÉCRITS
I. Le Biour Milot Higayone
Littéralement "les mots de logique".
C'est un traité, une sorte de préface sur la philosophie.
C'est son premier livre, il l'a écrit à 16 ans.
II. Le Piroush Hamishnayot
On le retrouve dans tous les Shass Mishna.
Il a commencé à l'écrire quand il avait vingt-trois ans et l'a fini à trente ans.
Il y explique grosso modo, pas mot à mot, l'idée que la Mishna veut dire, et ce qui en ressort pour la Halakha.
Il y a rajouté des préfaces très intéressantes.
1. Les Shmoné Prakim
C'est celle sur Pirkei Avot, il y parle du comportement générale de l'homme, de la morale juive.
2. Préface au Shass Mishna
Celle du Séder Zrayim , le premier ordre de Mishna, mais c'est en fait une préface à tous le Shass Mishna dans laquelle il parle du nombre de Massekhtot, des Rabbanim mentionnés, combien sont-ils, les Rabbanim qui ne sont mentionnés qu'une seule fois.
À la fin du dixième chapitre il ramène qu'il y en a 37 qui ne sont mentionnés qu'une seule fois dans tout le Shass.
Dans sa liste, il y en a au moins une quinzaine qui sont mentionnés au moins deux fois, et encore une dizaine qui ne sont mentionnés qu'une seule fois mais que le Rambam a oublié.
Pleins de Rabbanim ont parlé dessus, le Méiri dans sa Pti'ha sur Avot par exemple, et chacun essaye de résoudre ces problèmes.
Il y a une cinquantaine d'années à peine, le Rav Reouven Margulies (décédé en 1971) a écrit un livre è ce sujet dans lequel il y dit avoir retrouvé des Mishnayot - probablement dans la version du Rambam - et selon ça pratiquement tout colle à part deux ou trois choses que les A'haronim ont déjà expliqué !
3. Le Perek 'Helek
La préface du Perek 'Helek, le dixième du onzième chapitre de Sanhédrin parle du monde futur etc.
Il y mentionne pour la première fois les treize principes de foi, auxquels celui qui n'y croit pas n'est plus considéré comme juif à part entière.
Rapidement :
1. D.ieu Existe
2. Il est unique
3. Il n'est pas matériel, corporel
4. Il est éternel
5. Seul Lui est apte à être prié
6. Les prophéties qu'on a reçues sont vraies
7. Moshé Rabbeinou est supérieur aux autres prophètes (il ne tombait pas en transe, en rêve pendant ses prophéties comme des prophètes un tant soit peu lié à la matérialité)
8. La Torah vient d'Hashem
9. La Torah ne sera pas changée, même par Hashem (pas de nouveau testament ou de post-scriptum)
10. Il est omniscient, sait tout ce que l'on pense
11. Il punit et récompense en fonction de nos actions dans ce monde ci ou dans l'autre
12. La venue du Mashia'h
13. La résurrection des morts.
Lorsque le Rambam les cite dans son Mishné Torah, il change le 11ème article en la croyance en la Torah Orale. Des A'haronim parlent de ça.
Il y a d'autres avis.
Dans les Rishonim déjà, le Rav Yossef Albo (Séfer Aïkarim) n'est pas d'accord avec le Rambam, il n'en garde que trois : l'existence de D.ieu, que la Torah est divine, et que l'homme est puni et récompensé.
Par contre s'il ne croit pas en Mashia'h par exemple, il n'est pas Apikoros bien qu'il fasse une très grande erreur (cf. Sanhédrin 98b - on voit Rabbi Hillel ne croyait pas en Mashia'h).
Le Abrabanel dans son Rosh Amana répond aux questions du Séfer Aïkarim (Rav Albo) sur le Rambam .
Le Radbaz §344 (et non pas 354) et §1413 explique que c'est insensé cet histoire de Ikar, toute la Torah est importante.
Le Abrabanel aussi pense comme ça.
Le 'Hatam Sofer aussi fin de son Shout Yoré Déa §256.
Bien évidemment il n'y a pas vraiment de ma'hloket, le Rambam pense aussi que chaque détail est primordial mais ils ne font que discuter sur la définition de la foi juive.
4. La Forme de la Ménorah
Au sujet de la Ménorah du Beth Hamikdash, il n'est pas précisé dans la Torah si les branches doivent être arrondies ou droites (ou autres).
Le Rambam a dessiné la Ménorah avec les branches droites (en diagonale).
Et beaucoup d'A'haronim ont discuté à ce sujet : si le Rambam pensait réellement ça ou bien si c'est une erreur du copiste (c'est plus facile de faire des simples traits).
Pourquoi ce Rambam est dérangeant ? Parce qu'il y a énormément de preuves archéologiques que la Ménorah était arrondie.
On a l'arc de Titus, une espèce de fresque à la gloire de cet empereur à son retour à Rome avec les prisonniers juifs qui portent des ustensiles du Beth Hamikdash - et la Ménorah y est dessinée avec les branches arrondies. La date de cette fresque n'est pas claire, mais elle est ramenée dans plusieurs livres qui datent de cette époque - on peut donc supposer qu'elle ait été faite dans les dix ans qui ont suivi la destruction du Temple et donc sûrement par un témoin oculaire.
(Il semble que cette fresque soit mentionnée dans les livres de Flavius Josèphe.)
On a également retrouvé des pièces de l'époque du temple avec l'effigie de la Ménorah arrondie.
On a aussi une gravure sur un mur de la vieille ville de Jérusalem (encore visible de nos jours) avec une Ménorah arrondie.
C'est vrai que sur certains cercueils on a retrouvé des Menorah non-arrondies, mais ce n'est pas une preuve car il difficile de graver un arc sur une pierre tombale.
À cause de ça, certains ont dit que ce n'était pas le Rambam qui l'avait dessiné. Mais c'est faux pour plusieurs raisons.
D'abord le fils du Rambam, Rabbi Avraham ben Haaambam, dans son commentaire sur la Torah écrit clairement que les branches de la Ménorah étaient droites et non arrondies comme l'a dessiné son père.
À part ça on a retrouvé dans les Gnizot du Caire, quelques pages de manuscrit du Rambam lui-même avec le dessin d'une Ménorah droite.
III. Son fameux livre, le Mishné Torah
Littéralement le livre qui vient "seconder" la Torah, dans lequel il y met le code de loi sans mentionner les discussions ou les noms des Rabbanim, tout y est directement en clair.
Il a commencé à l'écrire à 40 ans et l'a fini à 50 ans.
Le Seder Hadorot écrit qu'il a vu marqué au nom de Rabbi David, le petit fils du Rambam, qui dit l'avoir reçu de son père, que le Rambam ne sortait plus de chez lui le soir dès qu'il rentrait du travail il se consacrait entièrement à son livre.
Il raconte là-bas que la nuit où le Rambam a fini le livre, son père ainsi que Moshé Rabbeinou, lui sont apparus en rêve, ont jeté un coup d'œil à son livre, puis l'ont félicité.
1. Le nom du livre
En général on appelle son livre Yad Ha'hazaka [Yad a pour guématria 14 comme les 14 livres qui composent le Mishné Torah] ou bien "Le Rambam". On évite de l'appeler le "second à la Torah".
En effet dans son introduction, on peut comprendre qu'il nous dit qu'après avoir lu le 'Houmash on n'a plus besoin de la Gmara du tout, on ouvre directement le Rambam. Donc on a changé le nom du livre. (Ça a été une grande polémique.)
Lorsqu'il écrit qu'on peut passer du 'Houmash au Yad Ha'Hazaka, il voulait juste dire que c'était un bon résumé simple et compréhensible.
[Deux autres livres connus ont leurs noms qui ont été changés : le Shnei Lou'hot Habrit - on l'appelle maintenant le Shla et le Alsheikh qui avait appelé son commentaire sur la Torah, "Torat Moshé", on l'a donc changé en son nom de famille : Alsheikh.]
2. Le Rif
Dans tout son livre il est possek comme le Rif à part environ une trentaine de fois.
Le Rambam était l'élève de son père, lui-même élève du Ri Miguash ר"י מגאש (qui n'a pas vraiment connu le Rambam) qui était élève ou élève de l'élève du Rif.
Dans ses Igrot, il dira que c'est un livre exceptionnel et que le nombre de fois où il s'est trompé s'élève maximum à une dizaine de fois (mais bien sûr, le Rif peut juste penser différemment).
3. Le Raavad
Une deuxième polémique est le Raavad, Rabbi Avraham de Posquières qui a contré le Mishné Torah sur pas mal de sujet.
C'était le Gadol Hador, plus âgé que le Rambam, par conséquent il s'est permis d'utiliser un langage dur.
Certains A'haronim, comme le Rav Moshé 'Haguiz dans son Mishnat 'Hakhamim prétendent que bien sûr il respectait grandement le Rambam mais il voulait simplement que les gens sachent qu'il y a une autre façon de penser.
D'autres Rabbanim ne sont pas d'accord, ça n'a pas l'air réaliste, le Raavad parle vraiment durement, bien qu'il soit vrai qu'il lui arrive parfois de faire la louange de l'auteur.
4. Les sources
Un des grands problèmes de son livre est qu'il n'a pas marqué les sources, ça a demandé un travail énorme de retrouver à chaque fois la source dans la Gmara.
Il a fait ça afin de simplifier le livre à son minimum.
On sait qu'il l'a regretté plus tard.
Parfois on voit quelque chose de très bizarre dans le Rambam, et les gens le comprennent mal et font beaucoup de pilpoulim alors que la solution est très simple.
Par exemple : dans Hilkhot Avadim Perek 6 Halakha 6.
Il est dit qu'un Kouti (dont la conversion est ambiguë) qui s'allie à un vrai juif peut écrire un shtar seulement s'il est 'Haver, Talmid 'Hakham.
En fait c'est une Gmara dans Guitin 10.
Et les A'haronim ont écrit des pages et des pages à ce sujet : d'où le Rambam sort ce din.
En fait la solution est simple : le Pit'hei Tshouva (Yoré Déa §267, 9) ramène plusieurs solutions aussi, puis à la fin rajoute qu'un grand Talmid 'Hakham lui a dit qu'il n'y avait pas du tout de questions, en fait lorsque le Rambam a dit qu'il devait être 'Haver c'est simplement l'abréviation de 'Hatoum Berosh et on retombe mot à mot sur ce que dit la Gmara.
Et ça a entraîné des centaines de pages, tout ça parce que le Rambam n'a pas voulu mettre ses sources.
5. Les contradictions
Il y a pas mal de contradictions entre le Piroush Hamishnayot et le Mishné Torah.
Le Rav Kafi'h, רב קפאח, un Rav Témani, a un grand père qui a traduit le Piroush Hamishnayot écrit en arabe.
Il a alors expliqué que la majorité des contradictions proviennent de erreurs de traduction.
Bien avant lui, le Maharit avait déjà écrit ça dans le Helek I §142.
En réalité, il faut savoir que le Rambam en personne a reconnu qu'il y avait des différences entre les deux, dans le Shout Peér Hador (le Shout Harambam) §140, où il admet qu'il n'avait pas bien compris la Sougia du Prozboul dans sa jeunesse mais que maintenant, il l'a comprise et s'est rectifié dans le Mishné Torah.
6. Quelques Klalim
Le Rambam a eu plusieurs habitudes qui ont choqué les autres.
■ Souvent il appelle une Halakha 'Divrei Sofrim' - c'est à dire dérabanane alors qu'elle est en fait déorayta, de la Torah.
Le Kessef Mishné dans Hilkhot Ishout §1, 2 ramène qu'il s'agit de quelque chose de non explicite dans la Torah, qui se déduit par les 13 Midot.
En effet sans l'explication des 'Hakhamim, on n'aurait pas connu ce Din.
On voit aussi ce genre d'appellation dans la Gmara dans Sanhédrin 88b.
[ Celui qui met cinq parashiot dans les Tfilin est 'Hayav de Bal Tossif car il transgresse "ce que disent les sages".
Ça veut simplement dire que puisque ce n'est pas explicite dans la Torah on appelle ça Divrei Sofrim. ]
■ Il mentionne une Halakha avec comme appui un verset qui correspond à un avis qui n'est pas la Halakha.
En fait, la Gmara aussi fait ça, elle prend le verset qui colle mieux dans les mots (surtout si elle se trouve alors dans un autre sujet).
Par exemple le divorce se fait par un Guet, d'où on l'apprend ? La Gmara dit : du verset qui parle de "Séfer Kritout" qui est en fait la Drasha de Rabbi Yossi Haglili. Les 'Hakhamim (donc la Halakha) eux l'apprennent de "Vékatav La".
■ Par fois aussi, le Rambam invente une Drasha s'il trouve un passouk qui colle bien dessus (bien qu'il n'y en ait pas besoin), simplement pour mieux s'en souvenir.
Des Gmarot aussi font ça, par exemple dans Kidoushin 4, une Brayta nous parle des conditions dans lesquelles la fille du Kohen peut manger la Trouma.
Lorsque son mari meurt et qu'ils n'ont pas eu d'enfants, la Torah autorise.
Lorsque son enfant est mort, on dit que c'est aussi considéré comme "Vézéra Ein La" (pas de descendance).
Mais que fait-on si elle lui reste des petits enfants ? On fait la Drasha du Youd de "Ein La" en "Ayein Ala" - vérifie même les petits enfants.
Mais ces mots sont déjà utilisé pour une Drasha, la Gmara pose donc la question : comment peux-t-on apprendre deux choses de là !
On répond que la Halakha des petits-enfants est évidente, on a pris cette "Drasha" que pour faire joli.
■ Il y a d'autres Klalim aussi.
Par exemple, on tranche la Halakha comme le deuxième "Im Timtsé Lomar". Les Guéonim et le Rif aussi font ça.
IV. Le Séfer Hamitsvot
La Gmara dans Makot dit qu'il y a 613 Mitsvot répartis en 248 Misvot positives (comme le nombre d'os) et 365 Mitsvot négatives et tout le monde se casse la tête à les compter.
Il y explique quels commandements on doit prendre en compte pour tomber sur 613.
(Ça a aussi été écrit en arabe et a son lot de contradictions.)
V. Les Réponses et Lettres du Rambam
1. Le Maamar T'hiyat Hametim
Dans l'une de ses lettres il justifie sa croyance en la résurrection. En effet il pense qu'elle sera juste après le Mashia'h, puis qu'on mourra. Alors on accèdera au véritable monde futur spirituel où l'on sera récompensé spirituellement.
Ce n'est pas ce qui ressort du Zohar, qui parle de récompense aussi BaGouf (matériellement).
Mais c'est une autre polémique si le Rambam connaissait le Zohar ou pas.
Le RAMBAM et le ZOHAR
Beaucoup ont considéré que le Rambam (Maïmonide) ne connaissait pas le Zohar.
Le Rabbi 'Haïm Vital déjà ramené dans le Shem Hagdolim (I, page 73b), l'un des plus grands mékoubalim, a dit que le Rambam n'a pas mérité la sagesse de la Kabbale.
Le Rav Shlomo Elkabats dit la même chose dans son Piroush sur Shir Hashirim (VII verset 13).
Le Yaabets aussi dans plusieurs endroits, entre autres dans son Le'hem Shamayim ('Haguiga §2, 1).
Le Be'hinat Hadat de Rav Elia Delmedigo.
Le Ari Nohem de Rabbi Yehouda Arié de Modène.
Le Gaon de Vilna aussi dans son commentaire sur le Shoul'han Aroukh (Yoré Déa §246, 18) dit que le Rambam n'a pas vu le Pardes. Cependant certains veulent expliquer que son intention est simplement de dire qu'il n'a pas compris les secrets de la Torah.
Mais il faut savoir que beaucoup d'A'haronim ont fait des recherches dessus et ont vu que beaucoup de phrases du Rambam se retrouvent seulement dans le Zohar.
Quelques exemples : Dans Hilkhot Yiboum (§4, 6), il écrit que la belle-sœur doit déchausser son beau-frère puis jeter la chaussure par terre. Or ce dernier détail ne se trouve pas dans le Shass. Le Tour déjà dans Even Haezer §169 se demande la source du Rambam. En fait la seule et unique source semble être le Zohar Bamidbar (page 180a).
Dans Hilkhot Tfilin (§4, 4), il écrit qu'au dos de la Mézouza il faut écrire le nom de D.ieu : shin - daleth - youd. Le Kessef Mishné (Rabbi Yossef Karo) sur place ramène que la seule source est du Zohar (Vaet'hanan page 261a).
Le Rambam ramène que celui qui s'énerve, c'est considéré (sur un certain plan) comme s'il faisait Avoda Zara.
La Gmara dans Shabbat dit quelque chose qui ressemble, que celui qui s'énerve ET qui casse des objets, c'est comme si il faisait Avoda Zara.
Or le Rambam est très pointilleux lorsqu'il ramène des Maamarim de 'Hazal. Et justement cette phrase est ramenée dans le Zohar Tetsave.
Néanmoins ce n'est pas une preuve car on retrouve ce Maamar également dans le Midrash Leolam (§15) et c'est donc peut-être ça la source du Rambam.
En tout cas plusieurs A'haronim prouvent que le Rambam a lu le Zohar :
Le Shout Or Hamaïr de Rabbi Meïr Shapira de Lublin, celui qui a ouvert la grande Yeshiva de 'Hakhmei Lublin en Pologne. C'est aussi lui qui a lancé l'idée du Daf Hayomi. Dans son responsa §31 il ramène trois-quatre preuves dans ce sens.
Il y a aussi le 'Haïm Oumelekh de Rabbi 'Haïm Pallagi, un livre sur le Rambam. Dans plusieurs endroits, par exemple Hilkhot Tshouva (§7, 6) il ramène que la source du Rambam est le Zohar.
Le Rav Wolf (Zeev) Leiter (un très grand Talmid 'Hakham très Baki qui vivait en Amérique) ramène plusieurs preuves dans son responsa Beth David (§107) et dans son Tsion Lenefesh 'Haya (§105).
Le Divrei Yoel du Rabbi Yoel de Satmar sur Parshat Vayakhel page 361 aussi.
Le Maharam Alaskar dans son responsa (§117) défend le Rambam de plusieurs accusations et ramène des sources du Rambam dans le Zohar.
Le Rav Margulies aussi, et encore beaucoup d'autres.
Le Migdal Oz, un commentaire sur le Rambam, au premier chapitre de Hilkhot Yessodei Hatorah dit que le Rambam a étudié la Kabbala.
2. Le Ibn Ezra
Dans une lettre à son fils, Maïmonide lui conseille de lire le commentaire du Rabbi Avraham Ibn Ezra.
Ce qui est intriguant c'est que ce dernier a l'air de systématiquement contredire la Gmara !
Le 'Hida (Shem Hagdolim) dit que le texte a été falsifié par ses élèves, d'autres disent que dans Sefer Shemot ce n'est pas lui l'auteur, ça ne correspond pas à son style, mais en fait il a simplement écrit deux Piroushim l'un long et l'autre plus court.
[Le Rav Wattenberg] pense que ça ne tient pas la route.
En effet 90% des fois il ne contredit pas la Gmara par ignorance, bien au contraire il l'a ramène quelques fois pour nous l'expliquer d'une façon différente.
Par exemple, dans Trouma, on dit que la Ménora devait être faite d'un seul bloc.
La Gmara explique que Moshé l'a jetée dans le feu et qu'elle s'est formée toute seul.
Le Ibn Ezra n'est pas d'accord. Il explique Gmara dit simplement que les gens ont eu l'impression qu'elle a été faite comme par miracle, tant c'était un travail difficile.
Donc on ne peut pas dire que c'est un élève ignorant du Talmud qui a écrit ça.
En tout cas il est assez bizarre que le Rambam conseille à son fils un livre aussi controversé.
● Le Maharshal (Rabbi Shlomo Louria qui était contemporain ou beau-frère du Rama, le Rabbi Moshé Isserlès], dit sur le Rambam qu'il a écrit un très bon Séfer mais lorsqu'il défend le commentaire du Ibn Ezra il ne comprend rien !
Il dit qu'il n'est même pas talmudiste (voir plus haut ce qu'on a expliqué).
(C'est dans la première Hakdama du Yam Shel Shlomo sur 'Houlin; ainsi que dans son commentaire sur Baba Kama, dans le sixième paragraphe אחרי).
● Le Yaabets, le fils de 'Hakham Tsvi, un très grand Rav né en 1697 en Altona en Allemagne et décédé en 1776, était un grand Talmid 'Hakham avec un style un peu critique.
Il ne reconnaît pas que cette lettre a été écrite par le Rambam.
En effet il ne croit pas du tout en l'astrologie tandis que le Ibn Ezra en parle plein de fois dans son livre.
Mais d'après ce qui semble, le Ibn Ezra est plus axé sur l'astronomie (l'étude scientifique) que sur l'astrologie (horoscope). [Note : Le Ibn Ezra croyait tout de même en l'astrologie, il a écrit pas mal de choses à ce sujet.]
VI. Livres de médecine
Comme on a dit le Rambam était le médecin du Sultan.
Plusieurs livres ont été réimprimés récemment, ils ne sont pas d'une importance capitale étant donné que c'est basé sur les données de l'époque.
Il y a des remèdes naturels intéressants.
VII. Séder Olam
Ce sont des règles générales sur l'étude du Shass (Klalei Hashas), comment on tranche lorsqu'il y a une ma'hloket etc.
Le livre est aujourd'hui disparu.
Plus d'informations sur techouvot.com
VIII. Hilkhot Yéroushalmi
C'est un peu comme le Rif mais sur le Yéroushalmi, c'est-à-dire toutes les Halakhot qui ressortent de la Gmara.
D'ailleurs, le Mishné Torah donne souvent la Halakha du Yéroushalmi dans la mesure où ça ne contredit pas le Bavli.
IX. Commentaire sur le Shass
Il n'a pas écrit sur tout le Shass, seulement sur Nashim, Moed et Nézikin ainsi que sur la Massékhet 'Houlin.
Malheureusement il ne nous reste que son commentaire sur Rosh Hashana.
C'est un livre purement philosophique où il essaye d'y concilier le vison de la Torah et de celle des philosophes.
Il y traite de toutes sortes de sujet.
Au début il parle surtout du langage, quel mot veut dire quoi etc.
Ensuite dans la deuxième et troisième partie il s'attaque à la philosophie.
Évidement il était assez féru d'Aristote, et il a écrit plein de choses qui peuvent paraître choquantes.
1. Le Surnaturel
● Entre autres, il dit que les démons n'ont jamais existé, que ce sont des croyances de gens illettrés.
Pleins de Rabbanim lui sont tombés dessus car la Gmara en parle explicitement.
Le Rambam peut soit penser que la Gmara se trompe, c'était comme ça que tout le monde pensait à l'époque car il n'y avait pas la science pour expliquer tous les phénomènes physiques; ou bien il penserait que ce ne sont que des idées, des sortes de paraboles.
D'autres Rishonim et beaucoup d'autres A'haronim pensent que les Sages de la Gmara ne sont pas censés être des Sages dans toutes les sciences.
Des Guéonim déjà ont écrit ça sur toutes les sortes de remèdes que l'on trouve dans la Massekhet Guitin au septième chapitre.
En effet on peut essayer, ça ne marche pas à tous les coups.
Certains expliquent qu'à l'époque ça marchait mais que la nature a changé.
D'autres Guéonim et Rishonim expliquent ainsi que les Amoraïm n'étaient pas des médecins, il ne faisait que répéter les conseils de ce qui se disait à l'époque.
Ils ramènent pour preuve par exemple la Gmara (Psa'him 94b) qui raconte qu'il y avait un désaccord entre les Sages juifs et non-juifs au sujet du parcours du Soleil, celui de la Terre.
Et Rabbi Yéhouda Hanassi raconte que les juifs ont reconnu à la fin qu'ils s'étaient trompés.
Donc ils reconnaissaient qu'ils n'étaient pas détenteurs de la vérité dans tous les domaines autres que la Torah, comme l'astronomie par exemple.
D'autres informations et références sur techouvot.com, les messages de Rav Wattenberg du 17 Février 2016.
● Il ne croit pas non plus à la magie.
La Torah n'interdirait que la prestidigitation.
Dans la Gmara c'est explicite que ça marche.
● On voit aussi ça dans le Yad Ha'Hazaka, par exemple au sujet des anges qui nous accompagnent quand on passe par la Mézouza (Hilkhot Mézouza Perek 6 Halakha 13), il explique que ce sont que les mérites de la Mitsva qui nous accompagnent.
● Il a aussi tendance à diminuer les miracles, par exemple il dit que les trois anges qui ont rendu visite à Avraham n'étaient qu'un rêve. (Voir le Ramban Al Hatorah à ce sujet.)
Au début des Hilkhot Déot, il est aussi écrit plusieurs choses assez choquantes.
2. L'anthropomorphisme
Le Rambam a aussi beaucoup critiqué l'anthropomorphisme, idée très répandue et acceptée à l'époque.
Le problème est que ça sous-entend que Hashem aurait une limite.
(Bien sûr les gens qui disaient ça n'avaient pas réfléchi au fait qu'ils limitaient D.ieu.)
Le Rambam dit qu'un tel individu est un Apikoros.
Tous les versets qui disent la main de D.ieu etc. ne sont que des paraboles.
Le Raavad n'est pas d'accord et écrit que des gens beaucoup plus Tsadikim que le Rambam croient en ça, bien qu'ils soient dans l'erreur, et ce n'est pas la fin du monde, ce ne sont pas des Apikorsim pour autant.
Le Rav 'Haïm de Brisk (fils du Beth Halévi et père du Brisker Rov) défend le Rambam.
Il n'a pas voulu dire qu'ils étaient mauvais, il dit simplement que dans la métsiout ils sont Apikorsim, les pauvres !
Ils sont peut-être innocents mais ce sont d'innocents Apikorsim.
> Néanmoins c'est encore difficile à comprendre - ce "pauvre innocent" aura quand même des conséquences terribles sur lui, par exemple on ne devra pas lui sauver la vie dans la mesure du possible.
Au contraire, on comprend maintenant encore mieux le malaise du Raavad.
Mais en fait on pourrait répondre que si on est Apikoros sans le faire exprès il n'en aurait pas les conséquences.
De la même façon qu'on raconte dans la Gmara d'un enfant capturé par des pirates qui ne savait pas qu'il était juif et qui a transgressé plein d'interdits, n'en sera pas puni pour autant.
3. Les Sacrifices
Le Rambam pense que beaucoup de sacrifices seront abolis au temps du Mashia'h.
En effet il écrit que beaucoup ont été institués pour faire du poids contre l'Avoda Zara.
Alors évidemment tout le monde lui est tombé dessus.
Plus d'informations sur ou.org.
4. Aristote
Le Rambam écrit à plusieurs endroits qu'Aristote est arrivé au dernier niveau d'intelligence et de supériorité avant la prophétie.
Ça a aussi énervé beaucoup de Rishonim.
5. Le Maassé Béréshit et Merkava
On voit ces deux notions dans la Gmara.
C'est censé être des sujets Kabbalistes très pointus, comment Hashem a créé le monde etc.; des niveaux inatteignables à part pour les plus grands Talmidei 'Hakhamim.
[ La Gmara dans Souka 28a ramène que Hillel a eu 80 grands élèves.
Le plus grand des Talmidim était Yonathan ben Ouziel et le plus petit était Rabbi Yo'hanan ben Zakaï.
La Gmara nous explique ensuite le niveau de Rabbi Yo'hanan ben Zakaï : "Il ne s'est pas arrêté d'étudier le Mikra, la Mishna, la Gmara, Halakhot, Midrahim etc. et même le Maasei Merkava".
Alors qu'elle était le niveau de Yonathan ben Ouziel ? Lorsqu'il étudiait, chaque oiseau qui passait sur lui était consumé.
Dans les Yeshivot on dit souvent : si déjà il se passait ça pour le meilleur des élèves que devait-il se passer lorsque le Rav - le grand Hillel - étudiait.
Alors ils ont inventé qu'il arrivait à retenir le feu de consumer les oiseaux.
Mais en fait le Ritva ramène le Yéroushalmi qui pose la question et qui répond : que pour l'élève seul l'oiseau qui était dans les deux mètres était consumé, alors que pour le Rav ça marchait jusqu'au ciel ! ]
[ Le Yéroushalmi de Kodshim a été perdu.
Un jour un certain Frilander a même écrit un faux Yéroushalmi avant que la supercherie ne soit découverte.
Certains A'haronim veulent dire que le texte que ramene le Ritva provient du Yéroushalmi disparu mais en fait il se trouve dans la Massekhet Sanhédrin. ]
En tout cas le Rambam comprend le Maasei Béréshit comme la science naturelle.
Le Yaabets (dans ses annotations sur les Igrot Harambam) écrit que c'est insensé, que ça ne veut rien dire. Il explique que Maïmonide n'a rien compris parce qu'il ne connaissait pas la Kabbala.
Mais autre part (Le'hem Shamayim dans 'Haguiga §2, 1), le Yaabets donne raison au Rambam, il a sûrement été 'Hozer.
6. Comment Maïmonide a-t-il pu écrire de telles choses ?
Des Rabbanim ont voulu dire que le Rambam a écrit ce livre afin d'expliquer aux gens non religieux que le judaïsme pouvait s'accorder avec la philosophie et avec les sciences.
Mais ça ne veut pas dire qu'il croit chaque chose qui est écrite dans le Guide, simplement qu'il nous explique qu'un tel miracle peut être interpréter d'une telle manière, que ça n'était qu'un rêve etc.
Le Yaabets, Rabbi Yaakov Emden aussi écrit plusieurs fois, par exemple dans le Ets Avot [commentaire sur les Pirkei Avot] et dans le Migdal Oz [un livre de Moussar] (Pinat Even Habo'hen) que ce n'est pas possible que le Rambam ait pu écrit un tel livre.
[ Il a ensuite été 'Hozer, dans son Shout Sheilat Yaabets (I, §41) où il y fait la louange du Rambam et particulièrement sur son Moré Névoukhim ! ]
En tout cas la théorie que le livre ne vient pas du Rambam ne tient pas la route.
En effet Rabbi Avraham ben Harambam a écrit un livre qui s'appelle le Mil'hémot Hashem qui répond aux accusations qu'on avait sur son père, comment il a pu écrire telle chose etc.
Et il ne répond jamais que ce n'est qu'un livre pour Apikorsim et que son père n'y croyait pas.
Donc oui le Rambam est l'auteur, et il pensait ce qu'il y ait écrit.
LA POLÉMIQUE CONTRE LE RAMBAM
Après la mort du Rambam, il y a eu une très grande Ma'hloket.
Le Rav principal Rabbi Shlomo ben Avraham min Haar - de Montpellier était totalement contre lui, il voulait brûler ses livres, les enterrer.
Il avait comme élève le célèbre Rabeinou Yona de Gironde (l'auteur de Shaarei Tshouva).
En 1232 ils ont ainsi mis un 'Herem (une excommunication) sur le Moré Névoukhim et sur le premier livre du Mishné Torah, le Séfer Hamada.
Et trois ans plus tard, en 1235, les Goyim ont brûlé ses livres sur la place de Grève en plein Paris, (ça se situe devant l'actuel Hôtel de ville).
Malheureusement ça a entraîné des pogroms, des Gzeirot, ils ont volé et tué des juifs.
Il y a fini par avoir un grand Vikoua'h, une disputation entre un Rabbin et un prêtre ou un curé.
Ça a été entraîné par un des élèves de Rabbi Yé'hiel de Paris, Nicolas Donin de la Rochelle qui s'était converti au christianisme. D'après certains sans trop y croire, il voulait simplement être contre le judaïsme.
Il a fait beaucoup de dégâts chez les juifs, par exemple lors de la sixième croisade trois mille juifs sont morts par sa faute à Poitou et Anjou.
Cette disputation a débuté le 24 Juin 1240 [certains disent le 25] à l'époque de Louis IX - Saint Louis, mais c'est sa mère qui a organisé la dispute.
Certains disent qu'il était trop jeune et que sa mère dirigeait le pays. Le problème c'est qu'il est naît en 1214 et il avait donc 26 ans à ce moment-là (bien qu'il ait été sacré à douze ans).
C'est très intéressant, c'est sur les accusations que le Talmud porterait sur les chrétiens. (En fait il y a deux Jésus / Yéshou dans la Gmara qui ont été tué par le Beth Din, certains pensent même que J.C. n'est ni l'un ni l'autre.) [ Ça a été mis à l'écrit ici : ]
À la suite de cette dispute à force de racontars, il y a eu plein de calomnies contre le Talmud, et ils ont par conséquent décidé en 1244 [d'autres : 1242], le 22 Juin, de brûler vingt-quatre charrettes de livres saints.
C'était un vendredi de Parshhat 'Houkat ou de Para.
En tout cas on lisait "Zot 'Houkat Hatorah" - "Ceci est le décret de la Torah", c'est un Siman pour se rappeler de la date.
C'est ça qui a plus ou moins entraîné la fin du judaïsme, des Yéshivot de France, et les migrations vers l'Allemagne puis vers la Russie et l'Europe de l'Est, surtout la Pologne.
En tout cas, ça s'est passé au même endroit que l'autodafé du Rambam, et beaucoup de Rabbanim y ont vu un signe du ciel qu'ils avaient très mal fait.
Ça a été initié par Rav Hillel de Vérone, le Rabeinou Yona a changé d'avis après cet incident.
Il a fait Tshouva et a annoncé en public qu'il irait sur la tombe du Rambam pour lui demander pardon.
Dans chaque communauté où il passait donnait chiour, il citait le Moré Névoukhim ou le Mishné Torah.
En Espagne on l'a retenu deux ans pour qu'il enseigne tout le Shass.
Et peu de temps après il est mort d'une mort étrange et pas du tout agréable. [Mêmes les livres ne veulent pas en parler explicitement.]
En tout cas on a interprété ça comme punition pour ne pas s'être empressé d'accomplir son voeu.
Mais d'autres ont continué à penser que le Rambam était en tort.
À tel point qu'au seizième siècle, lorsque la Gmara a été brûlée une énième fois en Italie, le Av Beth Din de Posen, Rabbi Aharon ben Guershon a expliqué que ça avait été entraîné parce qu'en 1551 on avait imprimé à cet endroit le Moré Névoukhim.
Il y a donc deux shitot qui restent.
Certains pensent qu'il ne faut pas être juif bêtement, il faut comprendre pourquoi il y a Hashem, chercher des preuves etc.
Rabeinou Bé'hayé (pas celui du 'Houmash) explique que la Mitsva de la Émouna se fait par les preuves dans 'Hovot Halevavot (Shaar Hayi'houd).
Le Sforno à la fin de sa préface sur la Torah (Kavanat Hatorah) écrit que celui qui se contente d'une croyance simple fera uniquement les Mitsvot pour avoir une récompense et éviter une punition - ce qui n'est pas le cas du croyant en D.ieu par des preuves logiques.
Le Maharshal (Biour Hasmag §2) et le Shla aussi dans Assara Maamarot.
Le 'Hinoukh aussi écrit dans la Mitsva 25 que c'est une meilleure mitsva de Émouna que d'avoir des preuves.
Et bien sûr le Rambam dans son Moré Névoukhim (I, §50) (malgré ce qu'ont compris certains commentateurs).
À part ça plein de Rabbanim ont carrément consacré un livre à la recherche philosophique divine : le Mil'hemot Hashem du Ralbag, le Keshet Oumaguen du Rashbats, le Mil'hemet Mitsva du Rashbash, le Kouzari de Rabbi Yéhouda Halévy, le Maté Dan (qui ressemble un peu au Kouzari mais sur la Torah Orale) de Rabbi David Néto d'Angleterre, le Mifalot Elokim du Abrabanel, le Or Hashem de Rabbi 'Hasday Crescas, le Émounot Védéot de Rav Saadia Gaon, le Haémouna Harama de Rabbi Avraham ben David, le Sefer Haémounot de Rabbi Shem Tov et bien d'autres.
Tandis que d'autres pensent qu'on n'a pas besoin de preuves, on garde simplement la croyance qu'avait nos ancêtres sans preuves.
Le Mishnat 'Hakhamim de Rabbi Moshé 'Haguiz (§493 et suivants).
Le Yaabets aussi dans plusieurs endroits, plusieurs fois dans son Migdal Oz et surtout dans la partie élon moré otsar hatov §11 et §13.
Le Rabbi Avraham Azoulay (un ancêtre du 'Hida) dans la préface de son 'Hessed Leavraham.
Le Sefer Habrit de Rav Pin'has Eliaou bar Méir (Maamar derekh emouna) - bien que ce livre soit consacré aux sciences.
Le Midrash Talpiot aussi (Anaf 'Hidoush Haolam)
Le'Havot Yaïr (un très grand Talmid 'Hakham au 17ème siècle) Siman §210 et §219 où il contredit le Rambam.
Le Gaon de Vilna dans plusieurs endroits : entres autres sur le Shoul'han Aroukh Yoré Déa §179 sk.13, dans son Even Shléma XI, §4, dans son Biour Hagra sur Yeshaya II, §6, dans le Aliot Eliaou §17, 2 et encore d'autres endroits.
Il dira (Yoré Déa §179 sk.13) sur le Rambam que la philosophie l'a fait dévier du vrai chemin.
Le Rav Tsvi Elimelekh Shapira aussi dans son Maayan Ganim surtout page 6b, où il dit que la faute du ets hadaat de Adam Harishon est le Iyoun A'hakirot - la recherche philosophique !
Bien sûr Rabbi Na'hman de Breslev comme on voit dans 'Hayei Moharan (Maamar léitra'hek min a'hakirot), dans le Si'hot Haran sans arrêt (entre autres §5, 32, 33, 40, 106, 217).
Mais Rabbi Na'hman n'est pas pour autant contre toute recherche intellectuelle, déjà dans son Likoutei Moharan (son propre livre) au tout début il développe l'importance de la réflexion etc.